La proposition d’un service web durable dans le « nuage » : enjeux et considérations pour un service de référence en réseau francophone

Abstract

En réfléchissant à la bibliothéconomie durable et la francophonie, nous proposons un service web communautaire conçu pour clients francophones du monde entier. Ce service web sera un service de référence virtuel s’appuyant sur des technologies web dans le « nuage ». Prenant cette proposition comme point du départ, il devient possible de considérer les enjeux verts touchant le client, le bibliothécaire et l’infrastructure technique en question. Les avantages ainsi que les inconvénients du service proposé peuvent également être explorés dans l’optique de la bibliothéconomie durable. Le service écologique proposé dans cette communication s’appuie non seulement sur le web comme plateforme, mais aussi sur l’informatique en nuage comme solution foncièrement verte. L’informatique en nuage est un concept où l’on stocke ses données sur des serveurs web extramuraux d’un tiers. Ces serveurs situés à distance sont conçus pour pouvoir accueillir de façon flexible des changements importants des données et l’on paie seulement selon l’usage. L’informatique en nuage devient encore moins chère quand ces frais-là sont partagés par de diverses institutions membres d’un réseau ou d’un consortium proposant un seul et même service à tous les clients des institutions impliquées. De plus, puisque l’informatique en nuage n’exige pas, d’habitude, de coûts d’amorçage reliés à l’achat d’un serveur et de l’infrastructure pour l’héberger, ni de personnel pour la gérer, on peut envisager un modèle de service dans lequel les frais de lancement seront minimisés pour les institutions sponsors. Précisions sur le service proposé Nous proposons à titre d’exemple un service web de référence virtuelle où des clients peuvent envoyer des questions en français aux bibliothécaires qui répondront à tour de rôle selon les heures d’ouverture de leur institution. « Ce qui est nouveau, et ce qui séduit les professionnels de l’information ; c’est l’association de techniques et de compétences en vue de satisfaire un (des) besoins(s) d’information dans un monde de plus en plus virtuel » (Accart, 2008). Ce modèle n’a rien de nouveau en soi : depuis une dizaine d’années déjà, l’OCLC propose un service de référence virtuelle qui s’appelle QuestionPoint. Des bibliothécaires du monde entier répondent aux questions des clients venues de l’autre bout du monde. Dans le Canada francophone, plusieurs initiatives de ce genre existent, mais à ce que l’on sache, un réseau de référence virtuelle couvrant la totalité du monde francophone n’existe pas, mettant à l’écart des utilisateurs en Afrique, en Asie, et ailleurs dans des pays francophones en voie de développement. Enjeux d’un tel service Une fois mis en place, le service de référence proposera des avantages que l’on peut identifier comme « durables » pour les clients, les bibliothécaires et les systèmes. Tout d’abord, les clients des bibliothèques auront la possibilité de consulter les services web à leur gré. À la différence des services traditionnels, des services web seront disponibles 24 heures sur 24. Le client peut les consulter sans frais de déplacement ; chose encore plus intéressante s’il n’y a pas de bibliothèque ou de centre d’information dans les environs. Le réseau lui-même fournit d’autres avantages émanant de la diversification des points de vue. En posant leurs questions à des bibliothécaires du monde francophone, les clients peuvent compter sur des réponses neutres à des questions délicates portant sur la santé, la politique, etc. Les bibliothécaires profiteront également de ce modèle de service de référence dans le nuage, car il leur permettra de proposer des services plus pointus et à plus d’utilisateurs. Après avoir établi un réseau de bibliothèques dans des pays francophones, il suffit que les bibliothécaires dans des pays où il fait jour répondent aux clients du service. L’expertise dans le réseau peut mieux être exploitée à la longue et les bibliothécaires peuvent s’attendre à être mis en contact avec des clients du monde entier ayant des questions spécialisées touchant à leur domaine d’expertise si le réseau note les points forts des bibliothécaires membres. De cette façon, tout service web peut être considéré comme service durable parce que les deux groupes d’utilisateurs (les clients et les bibliothécaires) profiteront d’un service à mesure depuis l’internet. En allant plus loin, le nuage peut exploiter des centres de traitement des données en se servant des sources d’énergie durable, bio, peu coûteux, etc., rendant le service encore plus écologique qu’un simple service de référence virtuel hébergé localement. Inconvénients d’un tel service Les inconvénients sont liés à l’administration du service et à l’infrastructure en jeu dans les pays concernés. En parlant de la fracture numérique, nous sommes obligés de reconnaître que, dans des pays émergeants francophones, les ressources pour relier les bibliothécaires et les clients au service web hébergé dans le nuage ne sont pas toujours mises en place. Pour pouvoir participer pleinement au réseau, les clients doivent obligatoirement avoir le matériel et la connexion internet. Nous reconnaissons qu’il va falloir un peu de temps pour que tout le monde ait le même niveau d’accès. Grâce à l’essor de la téléphonie mobile, les connexions internet haut débit plus démocratiquement disponibles ne tarderont pas à venir. Un accès internet par moyen de modems clés USB était déjà possible au Maghreb en 2008. Ainsi, logiquement, un accès plus ample suivra sûrement dans le reste du monde en voie de développement. Conclusion Cette proposition avance un modèle de service durable au niveau des équipements et sert à promouvoir l’éco-responsabilité et la mutualisation des ressources tout en servant les clients du monde francophone. Maintenant, le défi serait de mettre le réseau en place, de monter le service dans le nuage, de former les bibliothécaires et de faire de la publicité pour le service. Les tâches administratives doivent prendre en considération les protocoles de sécurité et de confidentialité concernant les conversations échangées entre bibliothécaire et client. Mais, en le proposant, nous proposons aussi l’amélioration du partenariat entre bibliothécaires de partout dans le monde francophone à la recherche d’une solution durable aux services de référence. Références Accart, J.-P. (2008). Les services de référence : du présentiel au virtuel. Paris : Editions du Cercle de la librairie. (Collection bibliothèques).